Une journée pluvieuse ( Sweet Bee )

Aujourd'hui, il pleuvait. C'était une journée typiquement anglaise. Le vent envoyait rageusement les gouttes de pluie s'écraser contre les vitres de la volière. Will était assis contre le mur près de la fenêtre, pour recevoir le peu de jour qui perçait de la maigre lucarne. Et il lisait. Un livre de Nabokov, c'était pas trop mal. Suffisant pour lui tenir compagnie. Il tournait les pages lentement, et se concentrait sur chaques mots afin d'éviter de penser. Surtout que c'était toujours aux deux mêmes personnes. Quand Lucy était entrée dans la Salle Commune où il s'y trouvait en pleine dispute avec Bridget, il s'était enfui. C'était trop difficile de la voir et depuis, il n'avait plus parler à aucune des deux. Voir son coeur s'écraser sur le sol dès qu'il voyait les deux blondes ne lui plaisaient guère.

Ca va. Nabokov me tient compagnie. Répondit Will en se redressant et en agitant pour faire tomber la poussière de son pantalon merveilleusement coupé. Ah ? Il s'en fichait royal. Super.

Un auteur russe, je pensais que tu connaissais. Rétorqua Will, qui commençait à en avoir assez de bavarder avec Bridget. Bon, je vais y aller. A un d'ces quatres.

C'est pas une bonne idée, Bridget. De toute façon, je n'ai rien à te dire.Répondit Will. Ou en tout cas rien qui nous fera du bien à nous deux.

Je savais que tu partirais. Répondit Will avec le haussement d'épaule qu'avait prédit Bridget. Je n'ai rien à te dire pour te retenir.

Pourtant, Will avait la trouille qu'elle parte. Sans elle, il savait qu'il allait vivre à moitié, en pointillé ... Toute cette situation commençait à le rendre fou ... Il se balança sur les talons, cherchant tout de même quelque chose à dire. Quitte à ce qu'elle parte au moins, lui dire quelque chose avant qu'il ne la revoit plus jamais.

Je vais sûrement passer mon temps à compter sur mes doigts les jours qui me sépareront de toi.

J'crois pas non. Répondit Will. Quand quelqu'un m'abandonne, faut pas attendre à ce que je l'acceuille à bras ouvert à son retour. Désolé. Bon voyage alors ...

Il ne fallait pas non plus imaginer que Will allait entrer en humeur romantique trop longtemps. Ces trois minutes lui avaient suffit, il enfilait de nouveau son masque impassible pour se protéger et se préserver des fléaus de la vie.

Tu m'abandonnes, Bridget. Une fois, encore. Assura Will avec fatalité. Au profil d'autres personnes comme toujours. Tu me fais toujours croire que tu tiens à moi et pourtant, je passe toujours le dernier. Ne me demande pas trop, Bridget. J'ai trouvé un endroit où tes parents seront à l'abris, ne me demande pas d'oublier. Je t'ai déjà pardonner mais je n'oublie pas. Jamais.

Ola, il se confiait trop. Will fronçait les sourcils. Il avait l'impression de se mettre à nu et cette sentation de se confier lui était on ne peut plus désagréable. Carla, qu'est ce qu'elle venait foutre dans la conversation celle là ? Il arqua un sourcils puis quand Bridget lui fit sa requête, il eut un mouvement de recul.

Je ne suis pas ta peluche. Déjà que je suis ton bouche-trou m'en demande pas trop !

Will resta, silencieux, à regarder la porte se ferma doucement puis claqua dans un bruit sourd. Il était entrain de se partager en deux, son coeur lui disait de la rattraper et son orgeuil de rester là. Il soupira puis marcha jusqu'à la porte, l'ouvrit et instantanément, la pluie lui fouetta le visage. Bridget descendait les marches avec une prudente amusante, si ça avait était dans une autre situation. Will descendit les marches, se retrouva derrière et interrompit Bridget dans sa descente et passant ses bras autour des épaules de la jeune fille et en appuyant sa tempe contre la capuche de Bridget, sans piper mot.

A l'instar de Bridget, Will vagabondait lui aussi dans ses pensées. Une errance dont il était habitué à présent. Il ne se reconnaissait plus, lui qui n'avait jamais accorder son pardon, n'arrivait pas à s'éloigner pour de bon de Bridget. L'idée de s'imaginer loin d'elle, faisait réculer ses projets de vivre sans elle. Lucy et elle le métamorphosait en quelqu'un d'autres. Décidément l'amour chez lui était une malédiction. Le jeune homme soupira, en se resserant son étreinte autour de Bridget et en se pelotonnant un peu plus contre elle. Il ferma les yeux. Dans les bras de Bridget, c'était chaud, mais il avait froid. Il tremblait légèrement, ce touché le piquait et allait dans ses veines. Il attendait, il ne savait pas quoi, mais il attendait comme si sa vie en dépendait.

Tu sais, Will s'en voulut de briser ce silence exquis. Il ouvrit les yeux et fixa le rideau de pluie qui s'étendait devant ses prunelles dorées. Je l'avais ma carte de séjour pour New York, je pouvais partir là-bas. Je pouvais partir pour toujours. Mais je n'ai pas pû. Je préfère souffrir mais pouvoir rester près de toi, que souffrir et être loin de toi.

Will se souvenait de ce jour où il avait reçu son permis de monter à New York. Longtemps, des heures, il avaient réfléchi, assis dans un café à savoir si il partirait ou non. Et, la dernière réponse l'emporta. La vie ici était pourrie et injuste, et même si il voyait Bridget, au détour d'un couloir. La voir rire, même sans lui, même avec ces deux idiots de Léo et Dan, ça lui réchauffait le coeur et paradoxalement, le tordait. Elle était à la fois son rayon de soleil et son eclipse. Mais elle restait néanmoins son soleil. Et si il était partit à New York, tout les jours et pour le restant de sa vie, ça aurait été l'éclipse.

Mais, ne pleure pas. Dit Will, détestant se sentir impuissant face aux larmes. Je me suis attachée à toi parce que ... Parce ... que ...

Son regard se voila comme chaque fois qu'il se perdait dans ses pensées. S'attacher ... C'était un mot trop faible, inexact. Pourquoi il l'aimait était la vraie question mais Will n'osa pas corriger Bridget. Par pudeur, par orgueil aussi. Il avait déja admit pas mal de choses à haute voix aujourd'hui pour qu'il arrive en plus à articuler ça de vive voix.

Je t' ... Le mot failli lui échapper. Il se maudit. Je me suis attachée à toi pour tellement de raisons, pour des détails inutiles mais qui pourtant arrive à occulter que tu me délaisses sans cesse. Je dois être un peu c*n mais je n'y peux rien. Je n'ai pas de liste à t'offrir des choses que j'aime chez toi, je t'aime toute entière après tout.

[ Ouè, ouè XD J'avais compris tes intentions xD En plus, taleur à la pharmacie j'ai vu un panneau géant avec Andrew Cooper xD Aucun rapport. ]

Will savoura ce baiser, avec une amertume et une détresse qui étaient étranges pour ce moment, qui pouvait paraître si romantique. Un baiser sous la pluie, quoi de plus mélo ? Puis, soudain, il la repoussa d'un geste convulsif avec un regard sombre qui faisait peine à voir. Il pleurerait presque de la torture de l'amour que lui infligeait Bridget en s'aggripant ainsi à lui. Il murmura, à peine audible :

Stop.

C'était certainement plus pour lui même que pour Bridget. Mais il voulait s'arrêter là. Avant qu'il ne reste plus que de lui, que les miettes d'un amour brisés et d'un destin contrariés.