Waiting for you [Will]

Ils s'y étaient pris le choux, ils s'y étaient amusés, ils y avaient passé un dernier instant sous les étoiles avant qu'elle ne parte... La mer de Condor lui rappelait Will. Il y avait très peu de monde à l'Académie, à cause des vacances, et donc personne sur la plage. Bridget sourit. Elle avait laissé sa biche aux soins d'Alex et s'était instinctivement dirigée vers la plage, à la recherche de son Willy l'Ourson adoré ! De plus, ici ils ne seraient sûrement pas déranger par Blondy Boy, alors qu'au dortoir...
Malheureusement, quand elle fut face à l'immense étendue d'eau, elle ne le vit pas. Elle s'assit donc sur le sable, bien moins chaud en cette fin d'Août qu'au tout début des vacances, et se dit qu'elle attendrait... Mais s'il était parti lui aussi, elle pourait patienter longtemps ! Tant pis, elle verrait bien... Au pire, elle avait un livre dans son sac.

Will n'était pas parti, la perspective de passer ses vacances avec ces puritains de parents ne l'enchantaient guère. Depuis qu'Emma était partie au Brésil sans le prévenir, rapellons-le, il enchaînait quasiment tout les jours, des fêtes de timbrées entre le Village et Londres. Autant vous dire, que là-bas il ne se contentait pas de quelques verres d'une vodka bon marché. Dans ces fêtes huppées où il allait, c'était plus Dom Perignon, cigarettes françaises, sexe et parfois même drogues. Au point que quand il revenait, il tenait rarement sur ses jambes. Comme en cette fin de matinée.

Will venait de poser un pied mal assuré sur la plage et se lança dans sa traversée d'un pas titubant. Il portait son costard de la veille, sauf qu'il était bien plus débraillé, que sa chemise était à moitié sorti de son pantalon griffé et que son noeud de pap' était défait et pendait de chaque côté de son col. Quant à ses cheveux, on aurait dû la copie de Léo au matin. Il ne ressemblait pas au Will Martins dont les gens avaient l'habitude. Lui était le fêtard, il y avait le Will gentil parfois et le Will hypocrite qui était le plus souvent présent.

Le jeune Grémort portait des lunettes de soleil noires qui masquaient ses yeux dorés fatigués et injectés de sang et dans ses oreilles étaient vissé les écouteurs d'un MP3 sorcier. C'était son rituel matinal. Il venait finir sa longue nuit sur la plage qui lui était familière puis rentrée au château voir Emma.

Ce matin là quand il vit Bridget assise sur le sable, Will n'y crut pas tout de suite. Il renifla et se frotta le nez, elle était revenu. Enfin, il le savait ... Emma lui avait fait parvenir un mot hier pour lui dire que Bridget l'avait gifflé et que c'était qu'une petite p*tasse. Will haussa les épaules et partit s'assoir contre un rocher, contre son rocher qui lui servait de lit, appuya sa tête contre la paroi et ferma les yeux. Aaah ! Ca fait du bien. Tant pis pour Bridget, elle ne comprendrait pas mais il s'en moquait bien. Il n'avait pas envie de lui parler, ni de la voir. Ni dans cet état, ni dans un autre.

Cela faisait un moment que Bridget était là. Elle avait bien avancé dans son bouquin et préféra le fermer pour garder un peu de suspens. Elle s'étira en soupirant et frotta ses yeux un peu fatigués. Will, Will, Will... Où pouvait-il bien être... ? Elle voulait le voir, absolument, même si c'était pour l'entendre hurler qu'elle n'était qu'une sale petite g*rce d'amie indigne, peu importe ! Tant qu'il ne jouait pas la carte de l'ignorance, tout lui conviandrait ! ... Et elle voulait absolument savoir aussi ce qu'il avait à lui dire ! Elle n'en avait pas dormi. Non seulement elle avat fait face à " Emma, ze changement ! ", ses retrouvailles avec Léo avaient pas été des meilleures, si en plus Will lui faisait la g*eule, elle aurait tout gagné ! ... Heureusement que Mélanie était gentille T_T !

Elle décida de retournerau chateau. Ca ne servait à rien de rester ici, à part chopper un rhume. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir... le corps inerte de Will Martins sur un rocher oO ?! Corps inerte ?!

Will ?!!! s'écria-t-elle, légèrement paniquée, en s'approchant en courant du jeune homme.

Mais qu'est-c'qu'il lui était arrivé ?!

Crie pas !

Grommela Will.

M*rde à la fin. Jamais la paix. Et toi, je ne veux pas te parler.

Il rajusta ses lunettes sur son nez et ne dit pas rien. Il se contenta d'arranger sa chemise en faisant ses boutons correctement, puis de ses doigts tremblants, il tenta d'attacher son noeud de papillon sans grand succès.

Bridget le considéra un moment, soulagée. Bon, au moins, il était pas mort ! ... Pas encore ! Vu les odeurs d'alcool et autres mauvaises choses qui émanait de ses vêtements, la blonde se douta bien que la soirée avait pas été des plus recommander pour sa santé ! Et ça ne devait pas être sa première...

Si ça peut te faire mal au crâne au oint de t'empécher d'recommencer une soirée pareille, si, je cris ! s'exclama-t-elle avant d'approcher ses mains de son cou pour défaire son noeud pap'.

P*tain Bridget, lâche-moi.

Lui cria Will, furieux en lui arrachant les mains de son col.

Je sais très bien ce que t'as dit à Emma. Alors Saint Will il te dit d'aller te faire f*utre ok. Viens pas m'dire quoi faire Bridget !

Et bien, elle n'avait pas perdu de temps pour le mettre en colère. Will enleva avec force son noeud pap' et le jeta sur le sable avant de s'enfermer dans un mutisme absolu, défiant Bridget de son regard noir. Qu'est ce qu'elle croyait que si elle se cassait en France et qu'elle revenait ensuite, elle allait l'attendre comme un bon toutou ? Faut pas rêver. Surtout après ce qu'elle avait dit à Emma. M*rde à la fin, il aidait les gens, sa meilleure amie et il se faisait remercier ainsi. Merci quoi !

Bridget le considéra un moment. Ah décidément, la vie était une chienne !!! Elle posa ses mains sur ses hanches et mordilla sa lèvre inférieure. Quel m*rdier, quel m*rdier, quel m*rdier de m*rde !!! Elle s'envoya une baffe mentale pour la peine ! Elle allait finir par tous les perdre si ça continuait !

Je suis désolée, je voulais pas vous vexer, avoua-t-elle. Elle n'allait pas jouer la carte de " Mes mots ont dépassés ma pensée ", elle avait horreur de ça. Au contraire, je vous remercierais jamais assez pour vos efforts, mais ça ne sert à rien, c'est tout... Will... Tout ce que t'as fait pour moi, c'était génial, mais ça n'arrangera rien...

Un sentiment de haine, de culpabilité, de honte et de mal l'aise envahit la jeune fille. Oser dire ça à Will, c'était vraiment dégu*ulasse ! Mais elle n'avait pas l'choix...

Je t'aime, Will, je veux pas te perdre, finit-elle.

A l'instar des insultes, les je t'aime et autres marques de sentimentalismes rebondissait sur lui et s'écrasait sans avoir atteint leur but sur le sol. Il arqua un sourcil et la regarda, vraiment dégoûté.

Si je n'ai servi à rien et que tu n'as plus besoin de moi alors ?

C'était une question réthorique, il se moquait de la réponse que pouvait lui apporter Bridget.

Adieu, Bridget.

B*rdel, une réplique pareille lui donnait envie de lui en coller une !

J'ai besoin de toi, Will, au contraire ! s'exclama Bridget, se moquant royalement du mal de tête de son ami. De toi, plus que n'importe quand, mais pas de ton argent ! Est-c'qu'on pourrait pas juste être ami et oublier que t'as des relations mafieuses et que j'suis une p*te ?!

Nan.

Répondit Will, sans hésitation.

Ch'suis pas un saint, malgré ce que tu crois et être gentil me donne le tourni. Vous m'cassez tous les c*uilles ici, à vous plaindre. Votre vie, si je vous écoute, est tous moche. M*rde à la fin, vous avez rien pour vous plaindre. De toute façon, je m'en br*nle, bientôt je me casse avec des gens qui ont la joie de vivre.

La colère montait, montait... Elle finirait vraiment par lui coller une droite !

Rien pour nous plaindre ?! C*nnard ! Tout l'monde ici a une vie pourave ! Et les gens pleins de joie de vivre dont tu parles, si c'est tous les alcoolos et les shootés de tes fêtes, ils sont dans les mêmes m*rdiers que nous !

Will la regarda et poussa un soupir las. Mais pourquoi, mais nom de Dieu pourquoi, avait-elle décidé de venir lui faire la morale et de jouer à la Dramaqueen ce jour là ? Il avait le sang qui tapait tellement forte dans ses tempes qu'il avait peur de défaillir. Et elle, Bridget, venait lui hurler que la vie était moche. Oui la vie c'est moche, et alors ?

Je vais vraiment partir Bridget.

[QUOIIIIIIIIIIIII ? Ah nooooon >.<]

Les yeux de Bridget s'écarquillèrent. Sérieusement ? Il allait partir ?! Partir ? Dans la tête de la jeune fille, un mini film sur " La vie sans Will " défila dans sa tête. Non, non, non, définitivement non ! Rester ici, sans Will ?! Rien que d'y penser faisait trop mal, alors s'il partait vraiment... La jeune fille avala difficilement sa salive. Ca la choquait tellement qu'elle n'arrivait plus à parler.

* Niet, niet, niet, niet, NIET ! *

Pourquoi ?! réussit-elle à souffler après un long, long moment.

Will la regarda un long moment. Ce n'était pas la peine de réagir ainsi, ce n'était que lui. Le monde tournerait toujours si il n'était pas à Nogare. Ce serait juste moins marrant.

Parce que rien ne me retient ici. Je ne vois plus Lucy, tu as flirté avec Dan Thaw avant ton départ et Emma a enfin trouvé son équilibre.

Quoi, quoi, QUOI ?! Rien ne le retenait ici, nan mais c'était quoi ce délire ?! Bridget avait horreur de ce genre d'excuses à la c*n qui voulait rien dire !

CLAC !

La baffe partit toute seule ! Bridget ne s'en rendit compte que quand elle sentit sa main la brûler et qu'elle vit la joue de Will devenir rapidement de plus en plus rouge.

Tu vois plus Lucy, c'est dur, mais t'as des amis, b*rdel ! Que j't'entende plus dire qu'Emma a trouvé son équilibre, elle est encore plus paumée qu'avant ! Elle est en train de s'foutre en l'air toute seule ! Et qu'est-c'que ça peut t'f*utre que j'filtre avec Dan ?!

La respiration saccadée, les yeux lançant des éclairs, Bridget n'avait pas souvent été aussi en colère. Trois semaines, trois p*tain de semaines et tout f*utait l'camp ! Govno, si y avait bel et bien une c*nasse de quelconque puissance supérieure là haut, c'était bien une pire p*te qu'elle !

Will laissa échapper un grognement. Non que la giffle lui ai fait mal, il avait l'habitude de se prendre des claques par son père et ça faisait nettement plus mal que celles de Bridget. Non, Will était fâché qu'elle le frappe. Il n'avait plus le droit de partir si il en avait envie maintenant ?

Quels amis ? Je n'ai pas besoin d'ami ! Et, si Emma part en dawa, c'est à cause de ce fichu Depp ! Tu as vu aussi bien que moi ce qu'il lui a fait en cours. Depuis qu'il est revenu, il fout tout mon travail en l'air. Et pour ce qui est de Dan et toi, je passe la question.

Ah, t'as pas besoin d'amis ?! répéta Bridget, exaspérée. Et bin tire toi alors, mais tu diras plus ça bientôt ! lui assura-t-elle. Keep cool, Bee, une fois désoulé il changera peut-être d'avis... Ton travail ? Celui de faire d'Emma une meurtrière ? Encore heureux qu'il soit rentré alors ! Et voilà, ils se quitteraient en se faisant la gueule, Bridg' le sentait bien. C'était à la mode ici, de toute façon : je t'aime, je t'aime pas, f*us moi la paix, j'suis mieux sans toit et blablabla... Au lieu de faire les cents pas et de s'énerver un peu plus, Bridget alla à son tour s'asseoir sur un rocher à côté de celui de Will et soupira. Et moi je la repose : qu'est-c'que ça fait que je filtre avec Daniel ?

Mais arrête donc d'ouvrir ta grande bouche quand tu sais rien, Bridget Tchako ! Depp savait très bien qu'Emma voulait le tué et il a continué son sadisme, juste pour la tester ! Il la rend folle, il est le déclencheur de toute ses crise de haine !

Rétorqua Will, agacé. Il soupira à son tour.

Je ne te répondrai pas, c'est personnel.

Trancha t'il fermement.

Bridget soupira de nouveau. Autant s'arrêter là, sinon elle allait vraiment partir en live. Elle s'énervait de plus en plus vite et souvent pour rien ces derniers temps, elle avait perdu toute patience, elle ne prenait plus le temps de réfléchir, elle criait, point final. Une attitude gamine et ridicule.
Aucun ne parla pendant un moment...

Emma m'a dit que t'avais quelque chose à m'annoncer, reprit-elle d'une voix plus posée et plus douce.

C'était que je partais.

Répondit Will.

Et ... Autre chose. Mais je te l'annoncerai un autre jour.

Sa migraine lui faisait horriblement mal. Il aimerait bien un thé au citron là. Evidemment, il n'en avait pas sous la main et il était bien trop léthargique pour se traîner jusqu'à Nogare. Il supporterait son mal de crâne et son spleen.

Bridget l'observa en silence. Elle n'aimait pas ce Will-je-suis-une-grosse-loque-qui-sort-de-boîte Martin. Ca cassait toute l'image de force qu'elle avait de lui. Et surtout elle ne supportit pas quand il mettait sa santé autant en danger ! De toute façon, elle n'était pas sa mère, il avait raison, elle allait pas lui dire quoi faire non plus...
Tss, les gens sont vraiment bizares... Vous croyez qu'ils sont beaux, jeunes et intelligents, mais ils sont justes beaux, jeunes, bons acteurs et carrément puériles et ridicules. Oh, elle était comme les autres, et ça la gonflait aussi. C'était un moule où tout le monde se retrouvaient, les poupoufs, les kaïds, les boutonneux, les boulets, les babacoules... Tous.
Elle avait juste pensé que Will échapait à la règle. Mister Je-suis-un-mur-une-force-de-la-nature-un-insensible-et-un-dur Martin, là, maintenant, tout de suite, était une loque comme les autres.
C'en devenait déprimant ce monde à deux balles !

Si tu pars, je ne saurais jamais, indiqua Bridget.

Will la regarda longuement, le doute l'envahissait. C'était quoi ce b*rdel ? Lui qui ne doutait jamais. Pourtant, cette fois-ci, il doutait que la vérité et la franchise soient les bienvenues. Pourtant, malgré qu'il soit une loque, il avait ses principes et s'était toujours juré de s'y tenir.

Tu vas le regretter.

Tempéra Will, sans la quitter des yeux. Autant annoncer ça avec le plus de dignité.

Je n'ai été dans cette état que deux fois dans ma vie. La première à cause de Lucy, j'étais si mal et si jaloux que je m'en prenais à tout le monde et je frappais Léo. Je l'ai perdu comme ça. La seconde fois, c'est toi. Je suis furieux de jalousie quand je vois tout ses mecs qui te touchent et qui profitent de ta beauté sans se rendre compte de sa valeur. Moi j'ai toujours été là pour te soutenir et pour t'aider du mieux que j'ai pu et ... c'est Dan qui t'as eu. Pour ne pas avoir à te perdre comme Lucy, je vais dans ces fêtes, je n'aime pas ça mais je ne pense pas là bas. On nous force à ne pas penser et crois-moi c'est une libération pour moi, de ne pas t'avoir sans cesse dans ma tête.

Will s'interrompit, il failli ajouter quelque chose mais n'y fit rien. Il resta silencieux, ses yeux toujours dans ceux de Bridget. C'était certainement la seule fois où elle le verrait aussi vulnérable. Il se détestait comme ça.

La mâchoire de la jeune fille se décrocha. Niet... C'était... pas possible ? Bridget ne savait plus où se mettre, elle avait envie de disparaître, elle ne savait pas comment réagir, quoi dire... ! Pourquoi il lui disait ça ? Ca rimait à quoi ? C'était encore un de ses paris stupides ?! Y avait du Emma dessous ?!
La jeune fille baissa la tête, déboussolée.

J'suis désolée... fit-elle d'une voix faible.

C'est tout ce qu'elle trouva à dire... Govno, fallait qu'un truc pareil arrive ! Il se passait quoi maintenant ? Il se tirait et asta la vista mi amor ?! Et pourquoi elle ?! Pourquoi maintenant ?!
Une image de Daniel lui vint à l'esprit...
Ah non ! Penser à lui maitenant, hors de question ! Ca suffit les prises de tête ! Will se tirait de toute façon, non ?! Très bien ! Comme ça ils vivraient tranquils chacun de leur côté !
Oooh et puis m*rde, c'était quoi ces réflexions puériles ?!
Bon... Inspire... Expire...

Est-c'que tu t'en vas à cause de ça aussi ?

Will ne répondit rien. Il n'avait vraiment pas envie de répondre. Sa vie était une injustice pure et dure. Il resta sur la plage, bras ballants le longs de son corps mais le regard assombrit et rude. Ses yeux se voilèrent et il s'évada dans les souvenirs de son enfance. Il repensa tout d'abord au jour où il avait compris que ses parents préféraient Jack, c'était le même jour où il avait appris qu'il aurait une maladie qui le poursuivrait à vie. Le jour où son père l'avait tabassé à coup de ceintures parce que Will n'avait pas la même moyenne que son frère. Il se vit entrain de regarder ses marques, ses bleus. Ce jour-là, il avait appris à ne plus ressentir la douleur. Il se vit dire à Lucy qu'il l'aimait et la voir ensuite embrasser Léo. Il ferma les yeux de toutes ses forces.

Mes deux coeurs me font mal, songea Will. Il ouvrit de nouveau les yeux, ils avaient retrouvés leur couleurs dorées. Il n'ajouta toujours rien à l'intention de Bridget. Il se contenta de se lever et de partir vers le château. 0ui, il s'en allait pour ça, pour ne plus voir son jumeau et ses parents. Mais surtout parce que si il voyait Bridget avec Dan, ça le tuerait littéralement. Il se ressaisirait plus tard.